Courlis cendrée

Numenius arquata


Systématique

  • Ordre : Charadriiformes
  • Famille : Scolopacidés
  • Genre : Numenius
  • Espèce : arquata

Descripteur

  • Linnaeus, 1758

Biométrie

  • Taille : 60 cm
  • Envergure : 80 à 100 cm.
  • Poids : 475 à 1360 g

Longévité

32 ans


DISTRIBUTION


Chants

Le nom « courlis » vient du cri habituel de l’espèce, un « coouu hi » bisyllabique sonore qui est autant un cri de contact qu’un cri d’avertissement. L’un des cris d’inquiétude forte, un « wa wa wa wa wa » prolongé, n’est pas sans rappeler un des cris du corlieu, celui que l’on entend de la part de migrateurs par exemple, avec néanmoins une tonalité moins élevée et moins musicale. Le cri d’alarme forte est une succession rapide de notes puissantes de tonalité élevée « tchi wi wi wi wi wi uh ». D’autres cris sont intraduisibles.

Le chant, émis lors du vol de parade, est sonore et spectaculaire. Il commence par une suite de « coui » puissants et prolongés, puis passe à une succession des notes roulées pouvant aller jusqu’au trille en fin d’émission.


Statut de conservation IUCN


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IDENTIFICATION

Les courlis sont de grands limicoles au long bec incurvé vers le bas. Avec une longueur de plus de 50 cm, une envergure d’un mètre environ et un poids pouvant dépasser le kilo, le Courlis cendré est le plus grand d’entre eux. Son bec arqué, qui lui a valu son nom spécifique « arquata », mesure 10 à 15 cm. Celui du mâle (10 à 12,4 cm) est plus court que celui de la femelle (13 à 15,2 cm), ce qui constitue un dimorphisme sexuel permettant de reconnaître le sexe des oiseaux sur le terrain. Par ailleurs, à plumage identique, le mâle est légèrement plus petit que la femelle. Il est cependant difficile de sexer un oiseau isolé, sans point de comparaison ; cela requiert une certaine habitude.

L’oiseau paraît brun de loin, avec le dessous plus clair. De près, on saisit toute la complexité du plumage. Les parties supérieures sont couvertes de plumes brunes munies, suivant leur emplacement, d’ourlets, barres, indentations ou stries beige roussâtre. La tête, le cou et la poitrine sont roussâtres, striées de brun. La gorge est blanche. On note un léger effet calotte du fait du dessus de la tête un peu plus sombre. L’œil sombre est cerclé de blanc. Le bec est brun avec la base de la mandibule inférieure rose. Les flancs blancs montrent des dessins bruns en forme d’ancre. Le ventre est blanc. La queue est nettement barrée.

Sur un oiseau en vol, le blanc du croupion, remontant en pointe sur le dos, se voit bien car il contraste avec le brun du dessus. En vue inférieure, les ailes sont pâles et mouchetées de brun clair. Les pattes grises dépassent légèrement la queue.

Les oiseaux de la sous-espèce orientalis sont globalement plus pâles avec le dessous moins marqué de sombre, en particulier les ailes.

Le juvénile est davantage chamois, avec les flancs moins marqués, et son bec est plus court.

HABITAT

Le Courlis cendré est un oiseau des milieux très ouverts et le plus souvent humides. Il se reproduit dans des habitats assez divers qui ont en commun une vue dégagée, un sol meuble et profond et une grande diversité végétale.

Ainsi les marais et tourbières, prairies, landes plus ou moins humides, marais côtiers, etc. peuvent être occupés. Relativement récemment, il s’est adapté aux grandes prairies agricoles, mais les pratiques modernes sont en train de se retourner contre lui. Il peut fréquenter les champs en périphérie, mais uniquement pour se nourrir ou parfois y passer la nuit. Mais il n’y niche pas.

Au passage et en hivernage, on l’observe volontiers sur les vasières, qu’elles soient littorales (estrans, slikkes, hauts-fonds intertidaux) ou de l’intérieur (sebkhas, grands plans d’eau en vidange par exemple), dans les milieux herbacés littoraux (schorres), les estuaires, les bassins d’inondation, les grandes plaines agricoles. Le parc national du Banc d’Arguin en Mauritanie, avec ses immenses vasières accueillant de très nombreux limicoles, est un bon exemple de milieu favorable.

Les courlis ont l’habitude de se rassembler pour la nuit en dortoirs populeux. Ce sont des endroits proches des zones d’alimentation mais hors d’eau. Ce peut être des hauts de plage, des îlots émergés, des éminences au milieu des inondations, etc., mais ce peut être également des endroits tout à fait artificiels comme des digues ou des barrages, des marais salants, des bassins industriels, etc.

Menaces – protection

Jusqu’à il y a peu, l’espèce était considérée comme non menacée. Mais récemment, elle est entrée dans la catégorie des espèces vulnérables du fait de plusieurs facteurs ayant un impact négatif sur sa démographie.

Son statut mondial est « quasi-menacé ». En Grande-Bretagne, après une chute de 48% de ses effectifs en 20 ans, le Courlis cendré vient tout juste d’intégrer la liste rouge nationale. Il est question de lui donner la priorité absolue en matière d’actions de conservation.

Prenons l’exemple de la France. La population nicheuse vient d’être classée « vulnérable » (statut probablement encore trop optimiste car aucune mise à jour fiable des effectifs nicheurs – et donc des tendances – n’étant disponible depuis de nombreuses années, ce sont des chiffres anciens qui ont été repris dans l’analyse). La population hivernante est quant à elle considérée comme non menacée.

En cause, les pertes d’habitat dus aux changements en cours dans l’occupation et la gestion des sols et des espaces. Le Courlis cendré a connu une période faste en s’adaptant aux prairies de fauche extensives qui ont longtemps prévalu. Malheureusement, l’agriculture s’est modernisée, mécanisée pour plus de rentabilité et les pratiques modernes, notamment l’ensilage et l’enrubannage, menacent à terme le maintien de l’espèce.

Sur ses lieux de reproduction traditionnels, le Courlis cendré est victime :
– du retournement des prairies de fauche au profit de la culture, pendant longtemps primes à l’appui. C’est ce qui a provoqué par exemple la disparition de l’espèce d’Alsace, les rieds ayant été transformés en champs de maïs,
– du drainage asséchant les prairies,
– du roulage des prairies au printemps visant à supprimer les taupinières et autres aspérités du sol, et pouvant entraîner une destruction de couvées précoces,
– de l’apport d’intrants, fertilisants en particulier, qui stimule la croissance de la couverture herbacée (qui devient trop haute et trop dense pour l’élevage des nichées) et qui également fait chuter la diversité végétale si précieuse au courlis. Par ailleurs, la fertilisation des parcelles est source de nombreux dérangements, parfois rédhibitoires si la ponte avait déjà eu lieu,
– de la fauche de plus en plus précoce des prairies, corrélativement aux changements climatiques en cours, qui réduit à néant la nidification du courlis. La pratique de l’ensilage ou de l’enrubannage permet de stocker le produit des fauches d’avril-mai et se révèle tout particulièrement néfaste.
Pour contrer ces effets négatifs ont été mises en place depuis un certain nombre d’années des mesures agri-environnementales permettant d’appliquer aux zones majeures de nidification du Courlis cendré (et du Râle des genêts, victime au même titre que le courlis) une gestion agricole adaptée. En contrepartie de compensations financières, les agriculteurs volontaires acceptent de faucher plus tardivement leurs parcelles pour permettre aux nichées de prendre leur envol.
Il y a également le problème de la chasse. A la suite d’un moratoire portant jusqu’en 2018, l’espèce y échappe sur les lieux de reproduction, mais pas sur les voies de migration ni en hivernage (elle est chassable sur le Domaine Public Maritime, en France). Or, du fait de l’évolution négative de son statut, sa chasse devrait être prohibée en tout temps et partout.

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